Février 2009, 20 p.
Thèmes liés : Management
Aujourd’hui honoré dans le monde anglophone, l’historien et philosophe britannique Michael Oakeshott (1901-1990) est quasiment méconnu en France. Sa pensée présente l’intérêt de procéder par polarisation des concepts, des pratiques et des phénomènes : plutôt que de tenter leur impossible cartographie, elle les étire entre leurs deux tendances les plus extrêmes dont sera nécessairement composé tout ce qui se trouvera entre. Appliquant cette dialectique bipolaire aux domaines de la connaissance, de la morale et plus généralement de la politique depuis la fin du Moyen Age, notre auteur fait dialoguer front à front un rationalisme entreprenant et une philosophie réflexive, les politiques de la foi et du scepticisme, une morale du collectivisme et une autre de l’individualité, puis collige l’ensemble sous les espèces de l’« association d’entreprise commune » et de l’« association civile ». Son entendement de la politique non comme ingénierie institutionnelle mais comme activité de gouverner le conduit à placer le management au cœur de sa réflexion politique, et par là même, tout en critiquant le rabougrissement de la pensée politique en une doctrine de gestion, à proposer une analyse des pratiques de gouvernement préfigurant celle de Michel Foucault.