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Science

Investigating the Stanford Prison Experiment : History of a Lie

Springer, 2024 [2018], 196 pp.

In 1971, the famous Stanford Prison Experiment aimed to show that normal people could behave in pathological ways, becoming hostile and sadistic, under the influence of their environment.
Based on the first thorough investigation in the archives of the experiment and on interviews with about half the people who participated in it, this book shows that the Stanford experiment is closer to cinema than science. In particular, it provides strong and numerous evidences that :

  1. The SPE was modeled after a student experiment : The Toyon Hall experiment.
  2. The guards knew what results were expected from them.
  3. The guards were trained and supervised by the experimenters.
  4. The guards were following a schedule and a set of rules written by the experimenters.
  5. The experimenters deceived the guards and made them believe they were not subjects.
  6. The participants responded to demand characteristics.
  7. The prisoners were conditioned by the experimenters.
  8. The prisoners were not allowed to leave the experiment at will.
  9. The mock prison situation was unrealistic and most participants did not forget they were participating in an experiment.
  10. The data was not collected properly.
  11. The experiment was inaccurately reported.
  12. The conclusions were pre-written according to non-academic aims.


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L’atelier d’écriture des sciences sociales (suite)

Lectures, 14 mai 2024. À propos de STARK David (dir.), Practicing Sociology. Tacit Knowledge for the Social Scientific Craft, Columbia University Press, 2024.

Le sociologue David Stark a invité d’éminents collègues à répondre à l’une des trois questions suivantes : comment choisissez-vous un nouveau sujet de recherche ? Quelle est votre stratégie de publication ? Une fois que vous avez reçu les rapports des relecteurs, comment améliorez-vous un article soumis à une revue ? Les réponses de 33 chercheurs ont été publiées dans trois numéros spéciaux de la revue Sociologica, que les presses universitaires de Columbia viennent de rééditer en un volume. À lire ici ou dans sa version complète ci-dessous.

LeTexier_Note-de-lecture_STARK_Practicing-Sociology_(v2_04-2024).pdf


Lutter contre le « fondamentalisme du marché » (au risque d’instrumentaliser la science)

Terrestres, 18 mars 2024. À propos de ORESKES Naomi et CONWAY Erik M., Le Grand mythe. Comment les industriels nous ont appris à détester l’État et à vénérer le libre marché, trad. de É. Roy, Les liens qui libèrent, 2024 [2023].

Le livre propose un récit édifiant des efforts déployés par le patronat américain pour promouvoir une idéologie anti-État et pro-marché. La thèse est ambitieuse, mais la démonstration ne suit pas. En ligne ici.

LeTexier_Note-de-lecture_ORESKES-&-CONWAY_Grand-mythe_(v2_02-2024).pdf


Introduction philosophique et surannée à la sociologie

Lectures, 28 septembre 2023. À propos d’ARON Raymond, Critique de la pensée sociologique. Cours au Collège de France (1970-1971 et 1971-1972), Odile Jacob, 2023.

La publication posthume des cours d’illustres professeurs offre parfois une fenêtre incomparable sur les pans non publiés de leur œuvre, leurs choix de méthodes ou le contexte intellectuel de l’époque. On pense aux cours de Foucault sur la souveraineté et la biopolitique, ou à ceux de Bourdieu sur Manet et sur l’État, riches en apartés auto-réflexives et en stimulantes hypothèses. Ce n’est malheureusement pas le cas de ces deux premières années de cours dispensées par Raymond Aron au Collège de France, et l’on peut d’autant plus s’interroger sur les raisons de leur parution que l’auteur a beaucoup publié de son vivant. Ces deux années d’enseignement, qui devaient constituer la suite de son ouvrage Les étapes de la pensée sociologique, ont pour ambition « tout à la fois de fonder, de justifier et de limiter la pensée sociologique et sa portée » (p. 25). Mais cette ambition est largement déçue. Dans ses Mémoires, Aron admettra lui-même avoir « manqu[é] totalement ce cours » et jugera qu’il ne méritait pas d’être transformé en livre. En ligne ici.


L’insaisissable empire des règles

Lectures, 12 octobre 2022. À propos de DASTON Lorraine, Rules : A Short History of What We Live By, Princeton University Press, 2022.

Le dernier ouvrage de Lorraine Daston propose une histoire des règles en Occident depuis l’Antiquité – une histoire des manières de penser la règle, mais aussi de l’appliquer. Malgré ce programme écrasant, l’historienne des sciences produit une réflexion pleine de qualités : bien écrite, claire, d’une érudition réjouissante et jamais gratuite, volontiers drôle. Même si le livre n’est pas sans défauts importants. En ligne ici.


L’atelier d’écriture des sciences sociales

Lectures, 4 avril 2022. À propos de LE BART Christian et MAZEL Florian (dir.), Écrire les sciences sociales, écrire en sciences sociales, Presses universitaires de Rennes, 2021.

Qu’ils le veuillent ou non, et quelle que soit leur discipline, les chercheurs font le métier d’écrire. La vie de l’esprit se déroule en public. Il faut passer par l’écrit pour formuler ses idées, les trier, les articuler, les tester, les partager. Et les communautés scientifiques sont organisées autour de la production, de la réception et de l’usage de textes. Même dans les sciences dures, comme l’ont montré Bruno Latour et Steve Woolgar à propos de la biologie, les scientifiques sont « des écrivains compulsifs, sinon maniaques ». Ce que désirent les universitaires (un poste, une augmentation, un financement, de la reconnaissance, des disciples), c’est largement par l’écrit qu’ils peuvent l’obtenir. Bref, l’écriture est une affaire sérieuse.
L’article entier est en ligne là. Les conseils de lecture qu’il présente sont en ligne ici.


The SPE Remains Debunked : A Reply to Zimbardo and Haney (2020)

January 24, 2020.

Le Texier (2019) conducted the first in-depth analysis of the Stanford Prison Experiment (SPE) archives, resulting in seven substantiated findings : (1) several key elements, such as the prison rules and daily schedule, were not created by the guards but were taken from a student experiment conducted 3 months earlier ; (2) the guards were not informed that they were participants, leading them to think they were part of the experimental team and thus impacting their behavior toward the prisoners ; (3) the prisoners could not leave of their own will and were subjected to harsh conditions designed by the experimenters ; (4) the guards not only knew what results Zimbardo wanted to achieve but were told how to achieve them ; (5) the participants were almost never completely immersed in the unrealistic prison situation, as Zimbardo has claimed ; (6) the collection and reporting of the data were incomplete and biased ; and (7) the conclusions of the SPE had been written in advance according to nonacademic aims.
Zimbardo and Haney’s (2020) comment and Zimbardo’s (2018) online response to recent SPE criticisms did not address three of these findings and failed to present any evidence contradicting the other four. Thus, the SPE remains a debunked, invalid study whose results should be disregarded.

Le Texier_Reply to Zimbardo and Haney_AmPsy_(01-2020)_v3.pdf


Confessions, secrets et non-dits : l’auto-analyse d’une ethnologue dans la guerre froide

Zilsel, n°6, octobre 2019, pp.418-466. À propos de : VERDERY Katherine, Secrets and Truths : Ethnography in the Archive of the Romanian Secret Police, Central European University Press, 2014, et My Life as a Spy : Investigations in a Secret Police File, Duke University Press, 2018.

« Je suis allée en Transylvanie en 1973, pendant le règne du dictateur communiste Nicolae Ceau ?escu, afin de conduire des recherches ethnographiques sur la vie rurale ; je suis retournée en Roumanie pour continuer ces recherches à plusieurs reprises dans les années 1970 et 1980, cumulant plus de trois années sur place. Puis, plusieurs décennies plus tard, j’ai découvert que la police secrète roumaine, la Securitate, avait constitué un énorme dossier de surveillance à mon sujet : 2781 pages. À sa lecture, j’ai appris que j’étais “en réalité” une espionne, un agent de la CIA, une agitatrice hongroise, une amie de dissidents : bref, une ennemie de la Roumanie. » (2018, p. xi)

LeTexier_Confessions-secrets-non-dits_Zilsel-6_oct-2019.pdf


Debunking the Stanford Prison Experiment

American Psychologist, vol. 74, no. 7, 2019, pp.823-839.

The Stanford Prison Experiment (SPE) is one of psychology’s most famous studies. It has been criticized on many grounds, and yet a majority of textbook authors have ignored these criticisms in their discussions of the SPE, thereby misleading both students and the general public about the study’s questionable scientific validity. Data collected from a thorough investigation of the SPE archives and interviews with 15 of the participants in the experiment further question the study’s scientific merit. These data are not only supportive of previous criticisms of the SPE, such as the presence of demand characteristics, but provide new criticisms of the SPE based on heretofore unknown information. These new criticisms include the biased and incomplete collection of data, the extent to which the SPE drew on a prison experiment devised and conducted by students in one of Zimbardo’s classes 3 months earlier, the fact that the guards received precise instructions regarding the treatment of the prisoners, the fact that the guards were not told they were subjects, and the fact that participants were almost never completely immersed by the situation. Possible explanations of the inaccurate textbook portrayal and general misperception of the SPE’s scientific validity over the past 5 decades, in spite of its flaws and shortcomings, are discussed.
http://dx.doi.org/10.1037/amp0000401

LeTexier_Debunking-the-SPE_AmericanPsychologist_2019.pdf


Histoire d’un mensonge : enquête sur l’expérience de Stanford

La Découverte, « Zones », avril 2018

Conduite en 1971 par le professeur Philip Zimbardo, l’« expérience de Stanford sur la prison » a vu vingt-deux étudiants volontaires jouer les rôles de gardiens et de prisonniers au sein d’une fausse prison installée dans l’université Stanford.
L’expérience devait durer deux semaines mais elle fut arrêtée au bout de six jours, résume Zimbardo, car « les gardiens se montrèrent brutaux et souvent sadiques et les prisonniers, après une tentative de rébellion, dociles et accommodants, même si la moitié d’entre eux furent si perturbés psychologiquement qu’ils durent être libérés plus tôt que prévu ».
Devenue presque aussi célèbre que l’expérience de Stanley Milgram sur l’obéissance et souvent citée en exemple de l’influence des situations sur nos comportements, l’expérience de Stanford est pourtant plus proche du cinéma que de la science : ses conclusions ont été écrites à l’avance, son protocole n’avait rien de scientifique, son déroulement a été constamment manipulé et ses résultats ont été interprétés de manière biaisée.


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